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Attentat de Nice. Franck, le héros malgré lui

Vendredi 14/07/2017 à 09:58 Vendredi 14/07/2017 à 09:58

Juché sur son scooter, il a poursuivi le camion, s'est accroché à la cabine, a cogné le terroriste et permis de ralentir sa course. Les images ont fait le tour du monde, mais lui réfute le statut de héros

Rencontre avec Franck, lundi à la sortie de sa journée de travail. Alors qu'il avait besoin de changer de vie, la mairie a confié au quinquagénaire la charge des marchés traditionnels et sédentaires. Photo thierry garro

L'enquête a prouvé que Mohamed Lahouaij-Bouhlel avait fomenté son attentat depuis au moins un an. Il avait décortiqué - les enquêteurs ont retrouvé des clichés dans son smartphone - l'organisation et la sécurisation du 14-Juillet, les modalités de location d'un camion, étudié la trajectoire à emprunter pour engendrer une tuerie de masse. Mais jamais n'a-t-il imaginé tomber, au beau milieu de son forfait, sur Franck, affublé depuis du surnom de "héros au scooter".

Le tout récent quinquagénaire a encore bien du mal à gérer d'être reconnu, les félicitations qui lui sont adressées dans la rue, la médiatisation de son acte, la Légion d'honneur, remise des mains du Président Macron ce jour, qui viendra le couronner. "Je ne veux pas faire le fanfaron, ça serait indigne vis-à-vis des familles endeuillées". lâche-t-il. S'il évoque plus naturellement ceux et celles qu'il n'a pas pu sauver, il ne fait aucun doute que le courage de Franck Terrier a permis à certaines personnes de survivre à l'attentat. "Si j'en ai sauvé ne serait-ce qu'une, alors je suis content", sourit-il en sirotant son diabolo menthe. En l'espace d'à peine plus d'une minute, Franck a vu passer le camion blanc, a demandé à sa femme de sauter du scooter, a accéléré, est parvenu à s'accrocher à la portière conducteur, à cogner le terroriste, qui a fini par réagir et à tirer à bout portant. La balle a raté de peu sa cible. "Il n'avait aucune expression sur le visage, il n'a pas dit un seul mot. Je crois que j'ai réussi à le déconcentrer un peu. Puis, quand il s'est arrêté je me suis caché sous la roue avant gauche pour éviter les balles des policiers. Quand ils l'ont abattu, je suis ressorti et j'ai été malmené, j'ai même eu des côtes cassées, parce qu'ils me prenaient pour un potentiel complice. "

"Je me souviens de chaque seconde"

Il a l'air plutôt en forme. Pour autant, il faut se méfier des apparences, surtout en plein coeur d'un post-traumatisme de cette ampleur. "Mon psy savait que j'allais m'effondrer. Durant les 2-3 semaines qui ont suivi l'attentat, j'allais presque trop bien. Ça n'a pas loupé, j'ai fait un syndrome crépusculaire, c'est-à-dire que je ne me souviens plus de rien de ce que j'ai fait au mois de septembre. C'est une sorte de black-out, de mise en sécurité du cerveau, de déni de mon acte selon le psy. Je ne me souviens pas de la fête des 50 ans de ma femme, je ne me souviens pas non plus de mon passage à Marseille où j'ai vu une partie de ma famille. " Sa femme lui en a un temps voulu de s'être mis en danger, "mais mon épouse et mes deux fils savent que quand il faut aider je suis là. Attention, je suis juste un mec normal qui a fait un truc anormal et un peu fou, rien de plus. Un geste citoyen que je referais si c'était nécessaire et qui ce soir-là a peut-être été dopé par le fait que je savais que mon fils passait sa soirée pas loin de la Promenade des Anglais".

Chaque semaine, Franck passe au moins une heure à parler à son psy. "La vie a repris ses droits évidemment, mais il y a forcément un avant et un après. Aujourd'hui, j'apprécie davantage les petites choses de la vie, je relativise beaucoup plus. Mais le problème c'est que je me souviens de chaque seconde de mon acte, des corps que j'ai vu voler, être broyés, des cris, dont les miens. Et ça me revient en tête très régulièrement. Encore récemment, j'ai fait de vraies nuits blanches. Mais je suis en vie. Franchement je n'ai pas le droit de me plaindre !"