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Passeur de sciences

Capture d’Ă©cran du dĂ©but de l’Ă©tude-canular de Peter Boghossian et James Lindsay. © Lindsay et al./Cogent Social Sciences.

L’ETUDE est intitulĂ©e « Le pĂ©nis conceptuel en tant que construction sociale » et, Ă©tant donnĂ© qu’il ne signifie pas grand chose, son seul titre aurait dĂ» alerter les responsables de Cogent Social Sciences. la revue qui l’a publiĂ©e le 19 mai. Pourquoi. Parce que cet article n’est qu’un grossier canular, ainsi que l’ont rĂ©vĂ©lĂ© non sans une certaine jubilation ses deux auteurs, les AmĂ©ricains Peter Boghossian et James Lindsay, dans le magazine Skeptic . Le premier est professeur de philosophie Ă  l’universitĂ© d’Etat de Portland (Oregon), et le second, dotĂ© d’un doctorat en mathĂ©matiques, s’est tournĂ© vers l’Ă©criture de livres. Pour leur Ă©tude bidon. ils ont respectivement pris les pseudonymes de Peter Boyle et de Jamie Lindsay, et se sont prĂ©sentĂ©s comme des chercheurs du Groupe indĂ©pendant de recherche sociale du Sud-Est, Ă  Knoxville (Tennessee), un organisme scientifique entiĂšrement fictif !

Il est assez difficile de dĂ©crire cette Ă©tude Ă©tant donnĂ© que, de l’aveu-mĂȘme de ses auteurs, il s’agit d’« un “papier” de 3 000 mots d’inepties totales se faisant passer pour de l’Ă©rudition universitaire ». On peut toutefois rĂ©sumer la « thĂšse » de cet article en disant qu’il s’agit de montrer que le pĂ©nis ne doit pas ĂȘtre pensĂ© comme l’organe masculin de la reproduction mais comme une construction sociale. Les pseudo-auteurs ont dĂ©cidĂ© de caricaturer certaines Ă©tudes de genre en affichant clairement que, pour eux, la masculinitĂ© Ă©tait intrinsĂšquement mauvaise. Etant la manifestation la plus Ă©vidente de cette masculinitĂ©, le pĂ©nis s’avĂšre donc l’origine de bien des malheurs, la source d’une culture du viol, que ce soit le viol de l’espace environnant quand un homme s’assied jambes Ă©cartĂ©es ou le viol de la nature. De ce point de vue, le sexe masculin serait donc en grande partie responsable… du rĂ©chauffement climatique.

On l’aura compris, Peter Boghossian et James Lindsay se sont bien amusĂ©s. Ainsi qu’ils le racontent, ils n’ont en aucune maniĂšre tentĂ© de rendre leur article cohĂ©rent mais ils l’ont truffĂ© de jargon et d’expressions absconses (comme par exemple « sociĂ©tĂ© prĂ©-post-patriarcale » ) afin de faire passer leurs absurditĂ©s pour la production d’un esprit profond. « AprĂšs avoir terminĂ© le papier. Ă©crivent-ils, nous l’avons relu attentivement pour nous assurer qu’il ne contenait rien qui ait du sens, et comme aucun de nous deux n’Ă©tait capable de dĂ©terminer de quoi il parlait, nous l’avons considĂ©rĂ© comme rĂ©ussi. » Ayant donnĂ© quelques exemples de leur prose, ils ajoutent. « Si vous avez du mal Ă  dĂ©terminer ce que cela signifie, il vous faut prendre en compte deux points importants. primo, nous ne le comprenons pas non plus. Personne ne le comprend. (…) Secundo, ces extraits sont remarquablement limpides si on les compare Ă  la plupart des choses que l’on trouve dans le reste du papier »…

Du grand n’importe quoi

Pour les deux auteurs, ils ne suffisait pas d’avoir Ă©crit du grand n’importe quoi. Il fallait aussi trouver des rĂ©fĂ©rences capables de le justifier, au moins en apparence. Peter Boghossian et James Lindsay ont donc sĂ©lectionnĂ© pour leurs rĂ©fĂ©rences des Ă©tudes rĂ©elles dont ils n’avaient pas lu la moindre ligne. Et ils ont ajoutĂ© Ă  cette liste cinq articles complĂštement faux – et censĂ©s ĂȘtre parus dans des revues… qui n’ont jamais existĂ© –, crĂ©Ă©s par un outil fort amusant, le GĂ©nĂ©rateur de postmodernisme. Cet algorithme fabrique, en une fraction de seconde et de maniĂšre alĂ©atoire, des Ă©tudes sans aucun sens mais ayant les dehors du sĂ©rieux. A ce jour, plus de 16,6 millions de textes ont ainsi Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ©s, comme celui intitulĂ© « Foucaultist power relations and neodialectic cultural theory », par Thomas K. Long, que j’ai fait rĂ©diger Ă  l’instant en appuyant sur un simple bouton…

Une fois que leur « bĂ©bĂ© » a Ă©tĂ© prĂȘt, Peter Boghossian et James Lindsay l’ont envoyĂ© Ă  une revue spĂ©cialisĂ©e dans les Ă©tudes de genre, NORMA: International Journal for Masculinity Studies. PropriĂ©tĂ© de Taylor and Francis, ce journal n’en a pas voulu mais a conseillĂ© aux deux auteurs de le proposer Ă  une autre revue liĂ©e au mĂȘme groupe, Cogent Social Sciences. Cette derniĂšre se prĂ©sente comme « un journal multidisciplinaire en libre accĂšs, qui offre du peer review de grande qualitĂ© dans le champ des sciences sociales ». Du « peer review de grande qualitĂ© ». vraiment. La pseudo-Ă©tude a bel et bien Ă©tĂ© soumise Ă  des relecteurs qui n’y ont pas vu grand chose Ă  redire et ont acceptĂ© de passer le texte sur le pĂ©nis conceptuel moyennant des frais de publication de 625 dollars…

Ce canular s’inspire ouvertement du cĂ©lĂšbre prĂ©cĂ©dent de l’affaire Sokal. Pour dĂ©noncer le peu de sĂ©rieux de certaines revues qui publieraient sans sourciller des articles flattant « les prĂ©conceptions idĂ©ologiques des Ă©diteurs » et recycleraient dans le champ des sciences humaines – mais sans les comprendre – des termes et des concepts venus des sciences dures, le physicien amĂ©ricain Alan Sokal a, en 1996, soumis avec succĂšs Ă  Social Text un texte absurde intitulĂ© « Transgresser les frontiĂšres. vers une hermĂ©neutique transformative de la gravitation quantique ». Une grosse controverse s’en Ă©tait suivie, tant sur les disciplines que les revues ainsi critiquĂ©es. Force est de constater que, plus de vingt ans aprĂšs, la question n’est rĂ©solue ni pour les unes ni pour les autres.

Exigence de rentabilité

Elle se pose peut-ĂȘtre de maniĂšre encore plus aiguĂ« si l’on considĂšre le boom rĂ©cent des journaux en libre accĂšs qui demandent aux scientifiques une participation aux frais de publication. N’y a-t-il pas, disent Peter Boghossian et James Lindsay, un conflit entre l’exigence de qualitĂ© – normalement garantie par le peer review – et l’exigence de rentabilitĂ© de ces titres. Pour le dire autrement, les relecteurs ne sont-ils pas incitĂ©s Ă  accepter tout et n’importe quoi Ă  partir du moment oĂč les auteurs sont prĂȘts Ă  sortir le carnet de chĂšques pour ĂȘtre publiĂ©s. Les deux pĂšres du « pĂ©nis conceptuels » se demandent Ă©galement si leur article n’a pas Ă©tĂ© facilement acceptĂ© parce que, en fustigeant la masculinitĂ© (« la racine de tout mal » pour les Ă©tudes de genre, caricaturent-ils), il flattait a priori les positions morales de ceux qui allaient le relire.

La derniĂšre et la plus amusante de leurs interrogations est la suivante. n’ont-ils pas produit sans le savoir une Ă©tude d’une portĂ©e insoupçonnĂ©e sur la symbolique de la quĂ©quette. Les spĂ©cialistes des Ă©tudes de genre ne vont-ils pas clamer que leur histoire de « pĂ©nis conceptuel » a vraiment du sens. Sans doute pas. leur article a Ă©tĂ© retirĂ© par Cogent Social Sciences. Dans un communiquĂ© mis en ligne le 24 mai. la revue a reconnu que l’expertise des deux relecteurs qu’elle avait choisis pour Ă©valuer l’Ă©tude n’Ă©tait pas « totalement au niveau » du sujet. C’est le moins que l’on puisse dire.

Le fait d’ĂȘtre publiĂ© dans une revue de ce type ne veut absolument rien dire et ne prouve rien sur la qualitĂ© du domaine d’Ă©tude ainsi attaquĂ©. Du moment que l’on paye et que l’on produit un truc qui ressemble ne serait-ce qu’un petit peu Ă  un article, on est publiĂ©. J’ai Ă©tĂ© plusieurs fois contactĂ© par des revues de ce type sur des sujets sur lesquels je ne suis pas compĂ©tents. Je l’ai signalĂ© et la rĂ©ponse Ă©tait en gros « c’est pas grave, envoyez, payez, vous serez publiĂ© ». Les deux auteurs de ce « canular » font donc eux-aussi preuve de malhonnĂȘtetĂ© intellectuelle.

Pas du tout d’accord. Si ce que vous dites est vrai, alors la science se doit impĂ©rativement de faire le mĂ©nage. C’est sur les revues prĂ©datrices et les relecteurs complaisants qu’il faut taper, pas sur ceux qui les dĂ©noncent.

Ce que j’ai voulu dire, c’est que ce canular ne dĂ©montre pas que les Ă©tudes de genre ou les Ă©tudes constructivistes ne seraient pas sĂ©rieuses, car il existe aussi des revues, y compris mĂ©dicales, qui ont comme premier critĂšre le fait de payer (il y a sur researchgate des forums oĂč ce problĂšme est discutĂ©). Cela ne veut pas dire que la recherche pluridisciplinaire en santĂ© ne valent rien.

L’idĂ©e n’est pas de dire que tout un domaine est pourri ni que toutes les revues scientifiques ne font pas leur boulot. Je n’aime pas gĂ©nĂ©raliser (tout comme j’ai horreur qu’on dise que les journalistes sont nuls quand on en voit un mal faire son travail). Elle est de souligner les failles du systĂšme (ici le peer review) et de dire qu’il faut les corriger. C’est exactement la mĂȘme dĂ©marche que j’ai eue en piĂ©geant WikipĂ©dia rĂ©cemment. Et que s’est-il passĂ©. Au lieu de rĂ©flĂ©chir au moyen d’amĂ©liorer les choses, la « communautĂ© » m’a lynchĂ© publiquement, en disant notamment que ce que j’avais fait ne prouvait rien, que cela avait Ă©tĂ© fait de nombreuses fois. Et lĂ  j’ai les mĂȘmes commentaires sur le canular de Boghossian et Boyle. D’oĂč la remarque, qui me semble justifiĂ©e. si cela a Ă©tĂ© fait de nombreuses fois et que cela marche toujours, il y a un vĂ©ritable problĂšme. Cela signifie que la communautĂ© n’est pas capable d’apporter les rustines nĂ©cessaires. Si dĂ©bat il doit y avoir aprĂšs ce canular, c’est sur ce sujet et non pas sur la portĂ©e plus ou moins rĂ©duite dudit canular.
Il faut cesser de flinguer Ă  vue les porteurs de mauvaises nouvelles et plutĂŽt agir pour que les nouvelles s’amĂ©liorent.

Concernant WikipĂ©dia, la communautĂ© fait ce qu’elle peut avec les ressources bĂ©nĂ©voles des contributeurs. Certains WikipĂ©diens l’ont mal pris, Ă©tant Ă©motionnellement impliquĂ©s dans le projet – plus que nĂ©cessaire.

La portĂ©e de votre canular doit de plus ĂȘtre mitigĂ©e. Combien de lecteur ont lu votre qarticle. quelle visibilitĂ©. C’est trĂšs facile de faire passer des Ă©normitĂ©s dans un article que personne ne lit ni ne suit, et l’impact est similaire Ă  un obscur blog que personne ne lit. WikipĂ©dia n’a pas de comitĂ© de relecture, et les bĂ©nĂ©voles suivent en gĂ©nĂ©ral les articles qui les intĂ©ressent.

Mais donner une injonction de prendre les moyens ne sert pas vraiment Ă  grand chose sans suggĂ©rer des solutions – et. c’est probablement pour ça que la communautĂ© a mal rĂ©agi. C’est une communautĂ© de bĂ©nĂ©vole dans laquelle certains membres ont une vĂ©ritable culture de «faisocratie» (do-ocratie) qui valorise ceux qui agissent. Il peut ĂȘtre mal perçu de faire un «coup» sans s’impliquer. La communautĂ© tient aussi a une facilitĂ© de modification au dĂ©triment d’une exigence forte de qualitĂ© dans un premier temps ou de contrĂŽle des Ă©ditions. C’est un choix assumĂ© et parler des inconvĂ©nints dans ce choix sans parler du compromis et des effets recherchĂ©s par ce choix est partiel (voire partial)

Mo(n humble avis personnel sur ces sujets est qu’il est bien plus important d’éduquer le lecteur Ă  repĂ©rer les articles qui donnent des garantis de qualitĂ©s Ă©levĂ©es que de combler le tonneau des danaides du controle de tout ce qui peut se publier. De ce point de vue la position de WikipĂ©dia est bien plus saine – le contenu doit ĂȘtre vĂ©rifiable avec de bonne sources, en incitant le lecteur Ă  controler les sources – que celle d’une revue qui donne une fausse garantie par une revue par les pairs dĂ©faillante.

Merci pour votre réponse.
J’ai suggĂ©rĂ© de placer les crĂ©ations d’entrĂ©es dans un espace de quarantaine pour vĂ©rification a priori, tel que cela se fait dans le WikipĂ©dia germanophone. Cela a Ă©tĂ© Ă©cartĂ© d’un revers de manche en me disant que le dĂ©bat avait Ă©tĂ© tranchĂ© pour conserver le compromis actuel. J’en ai pris acte en regrettant que ce dĂ©bat ne soit pas rouvert.
Quoi qu’il en soit, cela ne justifie en aucune façon le lynchage dont j’ai Ă©tĂ© victime sur les rĂ©seaux sociaux, les insultes, les pressions. A l’exception d’un ancien administrateur, personne n’a osĂ© condamner ce dĂ©ferlement de haine. Encore une fois, on ne tire pas sur le porteur de nouvelles qui dĂ©rangent.

Vous savez, la communautĂ© WikipĂ©dia est diverse, comporte en son sein et ne dispose certainment pas de service de communication ayant le opuvoir de lisser la communication de ses membres, qui restent libre de leur parole. Elle est loin d’ĂȘtre homogĂšne. De la mĂȘme maniĂšre que vous revendiquez le non lynchage de la profession lorsqu’un journaliste fait mal son travail, le WikipĂ©dien moyen est infichu d’assumer toute la communication de tous les membres de la communautĂ© 😉

Quant-a la solution d’imposer une modĂ©ration Ă  priori, vous n’ĂȘtes probablement pas le seul francophone Ă  y penser, mais la politique WikipĂ©dienne est le rĂ©sultat de discussion, d’équilibre et de prise de dĂ©cision digne de celle d’un Ă©tat 🙂 Dans ces conditions, vous ĂȘtes dans la mĂȘme position qu’un Ă©lecteur dans un Ă©tat. il est loin d’ĂȘtre suffisant de donner son avis pour faire passer une loi.

J’ai par exemple un avis contraire au votre sur ce point, et pourtant j’ai vu bien d’autres canulars sur WikipĂ©dia. Ce n’est pas un sport neuf et mĂȘme des WikipĂ©dien se sont adonnĂ©s Ă  ce jeu 
 Dans ces conditions, non, mĂ©diatiser un canular n’est pas vraiment susceptible de modifier les Ă©quilibres sur ce point.

Je suis un peu d’accord avec Marc Loriol. L’article donne l’impression (notamment en comparant ça Ă  l’article de Sokal) que c’est un problĂšme inhĂ©rent au domaine des sciences sociales, alors que c’est tout simplement encore un exemple de journal prĂ©dateur qui ne relit pas les papiers. Il y a eu des exemples plus intĂ©ressants en maths, avec MathGen (http://thatsmathematics.com/mathgen/ ) et SCIGen, oĂč les papiers sont carrĂ©ments gĂ©nĂ©rĂ©s au hasard par l’ordinateur (et donc par construction ne veulent rien dire, au contraire d’un papier Ă©crit peu sĂ©rieusement en essayant d’enchaĂźner les mots qui font le buzz).
Bien sĂ»r, il y a un Ă©norme problĂšme avec les journaux d' »open access » peu scrupuleux ; mais ça n’est pas un problĂšme de sciences sociales

Les papiers gĂ©nĂ©rĂ©s alĂ©atoirement sur MathGen ont pour but de moquer le style « littĂ©raire » stĂ©rĂ©otypĂ© des articles de mathĂ©matiques, mais leur absurditĂ© est telle qu’ils ne seraient acceptĂ©s par aucun peer-review si l’Ă©diteur ne se donne que la peine de lire les premiĂšres phrases, qui ne sont pas seulement fausses, mais n’ont aucun sens mathĂ©matique.

Ce qui ne veut pas dire que les revues mathĂ©matiques soient parfaites. je pense notamment qu’il est frĂ©quent que les preuves ne soient pas vĂ©rifiĂ©es avec tout le soin qu’elles mĂ©ritent. Toutefois il paraĂźt difficile de faire passer un article dont les conclusions principales seraient totalement absurdes.

Enfin, une chose Ă  noter est que les auteurs du canular ne sont PAS des chercheurs en sciences humaines, mais un philosophe et un mathĂ©maticien. Pour faire un canular valable en mathĂ©matique, il faudrait de rĂ©elles connaissances en mathĂ©matiques – pour formuler des thĂ©orĂšmes crĂ©dibles. Cela tient en partie Ă  la structure des articles de maths, avec leurs succession de rĂ©sultats sĂ©parĂ©s par des preuves, qui met immĂ©diatement en valeur les conclusions de l’article, que l’Ă©diteur va forcĂ©ment essayer de comprendre. Les sciences humaines sont sans doute plus vulnĂ©rables Ă  ce genre de canulars.

@PB: la malhonnĂȘtetĂ© consiste ici Ă  imputer spĂ©cifiquement aux « gender studies » ce qui est en fait un problĂšme gĂ©nĂ©ralisĂ© dans le monde de la publication scientifique.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas du mĂ©nage Ă  faire *en particulier* dans les gender studies (cf. l’affaire Rebecca Tuvel ces derniers jours); seulement, ce canular ne permet pas de prouver quoi que ce soit.

PrĂ©cisĂ©ment. En fait c’est le titre de votre post qui peut poser problĂšme – en qualifiant « Cogent Social Sciences » de « revue scientifique » alors que ce n’est manifestement qu’une revue prĂ©datrice.

Mais il y a tant de revues minables…
MĂȘme dans les sciences dites dures, il y a des myriades de revues peu regardantes qui laissent passer des Ă©tudes avec une mĂ©thodologie foireuse et/ou des rĂ©sultats contestables ou tout simplement sans intĂ©rĂȘt.
Alors vous imaginez dans les sciences sociales oĂč l’apprĂ©ciation est beaucoup plus subjective et les mĂ©thodologies encore plus sensibles ?

Michael Le Barbier GrĂŒnewald

Je ne connais pas la culture de toutes les disciplines scientifiques mais en mathĂ©matiques les revues oĂč l’auteur finance la publication de son article ont une rĂ©putation exĂ©crable, si on peut parler de rĂ©putation.

Pour ce qui est de “faire le mĂ©nage” je ne vois pas trop ce que vous pouvez bien avoir en tĂȘte: on ne peut certainement pas leur retirer le droit de publier et tout ce qu’il reste est de ne leur accorder aucun crĂ©dit – ce qui, au moins en maths, est dĂ©jĂ  largement le cas. S’il y a un mĂ©nage faisable, c’est celui qui nous dĂ©barrasserait de la pratique qui consiste Ă  brandir des â€œĂ©tudes scientifiques” comme argument dans le dĂ©bat public lorsque celles-cis n’ont pas de nom et pas d’auteurs!

Le coup de Sokal est en regard de celui que vous rapportez ici un coup de force bien plus grand Ă  cause de la meilleure rĂ©putation de la revue Social Text qui y a Ă©tĂ© mise en dĂ©faut. Ce serait donc intĂ©ressant d’en savoir un peu plus sur la rĂ©putation dont jouit Cogent Social Sciences dans le milieu qu’elle prĂ©tend servir.

D’oĂč tout l’intĂ©rĂȘt de toujours vĂ©rifier l’anciennetĂ© et la rĂ©putation des revues, qui sont en gĂ©nĂ©ral refletĂ©es dans le « impact factor »… Ca donne vraiment un trĂšs bon aperçu du degrĂ© de confiance qu’on peut avoir dans un papier: en dessous de 2, on peut ĂȘtre presque sĂ»r que c’est du grand n’importe quoi. Autour de 5, en gĂ©nĂ©ral plutĂŽt intĂ©ressant pour les gens du domaine mais faut pas avoir trop confiance dans les rĂ©sultats pour autant, et Ă  partir de 10 c’est en gĂ©nĂ©ral soit un travail trĂšs original et intĂ©ressant (avec une qualitĂ© pas forcĂ©ment trĂšs bonne attention), soit un travail pas trĂšs original mais du coup avec des donnĂ©es vraiment trĂšs robustes et complĂ©tes…

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Yo. Ca dĂ©pend des disciplines car le facteur d’impact dĂ©pend de la taille de la communautĂ© scientifique concernĂ©e. Par exemple chez moi seul Nature et Science sont au-dessus de 10, le CNU retient traditionnellement les revues au-dessus de 1, et la plupart des excellentes revues dont vous parlez sont Ă©valuĂ©es de 3 Ă  6.

D’accord sur le principe
mais les impact factors sans rĂ©fĂ©rence Ă  la taille de la discipline considĂ©rĂ©e n’ont aucun sens
dans mon domaine Biology & Philosophy, une des meilleures revues, a un impact factor de 1,2
et certaines de smeilleures revues de philo du monde (Philosophical studies) n’ont pas d’impact factor aisĂ©ment trouvable
Donc ce genre d’indicateur est Ă  manier avec prĂ©caution
Ceci dit, je ne connais pas les gender studies, je ne sais pas quel crĂ©dit accorder Ă  Cogent social science. le fait que T&F le publie implique que ce n’est pas un predator journal ordinaire
en mĂȘme temps, les bonnes revues du domaine (au moins une ) semblent avoir rejetĂ© l’article
Il semble que dans des discipline sen construction, sĂ©parer le bon grain (bonnes revuesĂ  de l’ivraie (predator journals) soit bien plus dur qu’en maths ou en physique – et ceci pourrait ĂȘtre une des leçons du canular
C’est amusant que cette affaire tombe pie au moment de la controverse Rebecca Tuvel…

Je suis d’accord avec Marc Loriol sur le point qu’il evoque, nous avons affaire dans cette situation a des societes privees vaguement crapoteuses qui n’ont que faire de l’ethique scientifique et qui publient n’importe quoi et je ne vois pas comment nous scientifiques pourrions reagir. J’ajoute que je n’ai jamais vu « la science » faire quoi que ce soit. Ce sont les scientifiques qui agissent.

Il me semble que vous passez un peu rapidement dans votre article (trĂšs complet au demeurant) sur ce qui Ă©tait la principale motivation de ce hoax, Ă  savoir exposer les Gender Studies en tant qu’idĂ©ologie extrĂ©miste et absurde dĂ©nuĂ©e de valeur scientifique, comme le prĂ©cise Skeptic en exergue sur leur blog.

Le compte Twitter Real Peer Review ( https://twitter.com/realpeerreview ) s’est fait une spĂ©cialitĂ© de se moquer de ce genre de papiers, qui sont trĂšs courants dans le champs des sciences sociales et des Ă©tudes de genre.
Et on s’aperçoit que le « PĂ©nis Conceptuel » n’est pas plus absurde que des papiers tout Ă  fait « sĂ©rieux » qui sont publiĂ©s rĂ©guliĂšrement ( la « Glaciologie fĂ©ministe », une analyse fĂ©ministe de « pourquoi respirer est important », « l’insĂ©parabilitĂ© de l’Ă©jaculation et de l’hĂ©gĂ©monie masculine » ou encore pourquoi le pĂ©nis des hommes gros serait une construction sociale -et ce ne sont pas des hoax, cette fois-).

Permettez moi de vous mettre en garde quant Ă  l’usage que vous faites de certains termes, qui pourraient prĂȘter Ă  confusion, voire choquer.
Les Gender Studies en elle-mĂȘmes ne sont pas une « idĂ©ologie extrĂ©miste et absurde », il s’agit d’une branche de recherche des sciences sociales, essentiellement dĂ©veloppĂ©e par des courants anglo-saxons.
Je suis nĂ©anmoins d’accord avec vous sur l’idĂ©e que, sous cette banniĂšre, naissent des articles abscons reposant essentiellement sur l’enfumage rhĂ©torique (cf. l’histoire de l’article publiĂ© dans la revue de Maffesoli, qui ressemble beaucoup Ă  ce qui est dĂ©crit dans cet article). Mais s’il vous plait n’alimentez pas la confusion entre ces Ă©lucubrations infondĂ©es et les travaux de recherche de sociologues, historiens, anthropologues, Ă©conomistes, etc. MĂȘme si j’imagine volontiers que ce n’est pas votre intention, cela ne fait qu’alimenter les discours sur la « ThĂ©orie du genre » et haines absurdes qui en dĂ©coulent.

La principale motivation, de laquelle en découle la principale critique.
En effet, le mĂȘme canular peut ĂȘtre effectuĂ© dans tous les domaines scientifiques.

On aurait pu avoir une dénonciation pertinente des revues scientifique.
Le fait est d’ailleurs connu dans le domaine de l’Ă©dition, si vous avez un roman sans intĂ©rĂȘt qui ne se vendra pas, la maison d’Ă©dition Ă  laquelle vous l’avez adressĂ© possĂšde une autre entitĂ© qui ne publie qu’Ă  compte d’auteur, vers laquelle elle vous dirigera. Que ce systĂšme existe Ă©galement pour les revues scientifique est choquant, devrait ĂȘtre dĂ©noncĂ© avec vigueur.

Or, telle n’Ă©tait pas la motivation du hoax. Celui-ci s’est basĂ© sur une faille dĂ©jĂ  connue des revues scientifiques pour s’attaquer Ă  une revue spĂ©cialisĂ© sur un type particulier, dans le but de « dĂ©montrer » que le domaine d’Ă©tude en entier n’est que du vent.
D’autres le feront sĂ»rement avec des articles Ă©volutionnistes ou sur le climat… car ce sont bien, pour des idĂ©ologues, les sciences Ă  abattre !

Bien entendu, le hoax en question ne dĂ©montre en rien l’inanitĂ© des Ă©tudes de genre, pour quiconque possĂšde un tant soit peu d’esprit critique. Par contre, il me semble bien dĂ©couler d’une idĂ©ologie extrĂ©miste et absurde dĂ©nuĂ©e de valeur scientifique.

DE L’INÉLUCTABILITÉ des Faux selon DiogĂšne de Sinope

J’ai l’impression que tous les degrĂ©s (un continuum) existent – aussi bien de la fabrication de rĂ©sultats que de la « pubiabilitĂ© » dans des bonnes revues, d’articles avec un dosage variable de « arrangements avec la rĂ©alitĂ© des rĂ©sultats » et l’imagination des auteurs. Bien que le phĂ©nomĂšne soit plus frĂ©quent dans les Sciences « Molles ». Que pensait-on. Que les individus avec le titre de chercheur sont si bien sĂ©lectionnĂ©s que TOUS les reprĂ©sentants sont intĂšgres et honnĂȘtes. Pour ĂȘtre un bon chercheur il faut une qualitĂ© indispensable: L’Imagination. Que -si elle n’est pas personnellement bridĂ©- peut amener a des « arrangements » avec la rĂ©alitĂ©. Une autre est la bonne perception de la PlausibilitĂ© des choses, que -si on prend pas garde- peut mener a l’auto-conviction d’avoir raison. Toute « ƒuvre » humaine contient un degrĂ© de faussetĂ© inhĂ©rente a notre Nature. Et le temps et la SĂ©lection Naturelle font le tri. C’est cela la RĂ©alitĂ©. « On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a ». Le reste est idĂ©alisation du monde (et surtout du genre humain). Je n’aurais pas dit cela au temps ou j’étais chercheur. Maintenant … J’instruis les autres.

L’article est un peu limite au niveau intĂ©gritĂ© intellectuelle. En SHS, il n’y a pas de revues oĂč il faut payer pour ĂȘtre publiĂ©, mis Ă  part les arnaques. Donc ce n’est pas une faiblesse du peer review, mais celles des pseudos revues Ă  fric qui ne sont citĂ©es par personne. Est-ce une revue listĂ©e par l’aeres?

@PB. mais la science le fait, ce mĂ©nage. Aucun vrai professionnel ne porte le moindre crĂ©dit Ă  ce type de revue. Et elles ne sont pas considĂ©rĂ©s dans les Ă©valuations des labos, chercheurs, et thĂšses. Si je peux me risquer une comparaison, c’est la mĂȘme chose qu’avec la presse Ă  scandale, Ă  ovni, les pages d’horoscope, ou bien Ă  fake news en ligne. Les vrais journalistes et les lecteurs un minimum Ă©duquĂ©s n’y portent aucun crĂ©dit. Les journaux et blogs en question existent quand mĂȘme. C’est ça aussi la libertĂ©… Reste Ă  nous scientifiques et Ă  vous journalistes de trier le bon grain de l’ivraie. Non ?

DĂ©monstration que la sociologie est une bonne pseudo-science au service de la gĂŽche, qui ne fait que rationnaliser son idĂ©ologie « fĂ©ministe », « Ă©galitariste ».

La famille Glougloub

Apparemment Cogent Social Sciences est un journal qui n’a pas de facteur d’impact Thomson Reuters (un nombre censĂ© permettre de discerner la qualitĂ© moyenne d’une revue scientifique). Ca indique que soit elle n’a pas de valeur scientifique clairement identifiĂ©e, soit elle en a mais n’a pas encore publiĂ© suffisamment d’articles pour ĂȘtre admise dans ce systĂšme d’Ă©valuation.
Malheureusement elle n’a que 3 ans d’Ăąge, ce qui n’est pas suffisant pour une revue pour obtenir un facteur d’impact, de sorte que l’incertitude demeure. revue naze pour faire du fric, ou revue trop jeune.
C’est cependant une revue distribuĂ©e par Taylor & Francis, qui est un Ă©diteur scientifique reconnu… donc a priori… c’est une revue qui a vocation Ă  ĂȘtre sĂ©rieuse.
Bilan. sans doute cet article ne serait-il pas passĂ© dans une trĂšs grande revue scientifique (allez, berçons-nous d’illusions !) et l’honneur est sauf. Mais qu’il soit passĂ© au systĂšme de revue par les pairs est dĂ©finitivement inquiĂ©tant. En plus d’ĂȘtre hilarant.

@ La famille Glougloub.
Bonjour.
Les fameux facteurs d’impact ne sont plus publiĂ©s par Thomson Reuters, depuis la revente de sa filiale « Intelectual Property & Science Business » Ă  Onex & Baring Asia, pour la coquette somme de 3.5 milliards de dollars.
Par ailleurs, les FI n’ont jamais eu comme ambition de mesurer la « qualitĂ© moyenne d’une revue scientifique ». Ils mesurent l’impact, sans diffĂ©rencier les impacts positifs et nĂ©gatifs, et en se basant sur des donnĂ©es non accessibles aux chercheurs, car la base de donnĂ©es utilisĂ©e n’est pas commercialisĂ©e. Ce qui est vendu, ce sont les FI bruts, invĂ©rifiables, et fortement suspectĂ©s d’ĂȘtre manipulĂ©s dans certains domaines sensibles.

en dehors du pĂ©nis (oui, j’en ai un), il y a 20 ou 25 ans (je ne rappelle plus du tout), un dĂ©cĂ©rĂ©brĂ© avait soumis Ă  genbank une sĂ©quence nuclĂ©otidique qui ne comprenait qu’une seule base. A. (l’adn est composĂ© de A, C, G ou T).

cette soumission avait Ă©tĂ© acceptĂ©e, et publiĂ©e sur cette banque de donnĂ©es internationale (!).Ă  l’embl aussi (!). elle « sortait » Ă  toutes les comparaisons de sĂ©quences. c’Ă©tait trĂšs Ă©nervant. il avait fallu plusieurs mois avant que ce piratage soit retirĂ© de genbank et de l’embl.

comme quoi les reviews ne sont pas toujours efficaces.

Bonsoir passeur de Sciences. Le fait que sur les centaines d’articles scientifiques publiĂ©s chaque jour un canular ait pu se glisser, qui plus est dans une revue insignifiante ne montre pas grand chose. La vie d’un article ne s’arrĂȘte pas au fait d’ĂȘtre Ă©ditĂ© mais en fait elle commence Ă  ce moment lĂ . Ce qui compte cest comment l’article va influencer le domaine en engendrant une rĂ©flexion qui se traduira par un nombre important de citations. de preference dans des journaux sĂ©rieux. Ici aucun risque !

Je ne voudrais pas commenter un article que je n’ai pas lu, et que l’on dĂ©crit comme dĂ©lirant, mais je voudrais souligner les risques qu’il y a de l’évaluer seulement Ă  partir du rĂ©sumĂ© (abstract) prĂ©sentĂ© ici.

Étant assez familier avec les sources thĂ©oriques, le jargon, et les thĂšmes d’un certain discours fĂ©ministe amĂ©ricain, je trouve que le rĂ©sumĂ© est tout-Ă -fait conforme Ă  ce qui s’écrit dans certains cercles aux États-Unis. Ces thĂšmes et ce jargon ne font rire personne, et attirent encore moins de critiques, par peur des reprĂ©sailles publiques instantanĂ©es que la moindre critique attire. Se faire traiter publiquement de sexiste aux États-Unis, c’est aujourd’hui pire que se faire traiter d’antisĂ©mite. Personne ne veut prendre ce risque. C’est un peu comme la prose marxiste parisienne des annĂ©es 1960. interdiction de prendre du recul, sous peine d’anathĂšme et d’accusation de trahison de la classe ouvriĂšre, supposĂ©e sacrĂ©e et intouchable. Ayant moi-mĂȘme organisĂ© plusieurs confĂ©rences internationales en sociologie de la gestion, j’ai dĂ» Ă  maintes reprises faire face Ă  cette littĂ©rature incendiaire, sure de soi et de son bon droit, et jamais trop regardante sur la qualitĂ©. L’essentiel est le combat, pas la science.

Pour donner une idĂ©e de ce que dit le rĂ©sumĂ©, et en tenant compte du sens original du jargon « gender studies » commun Ă  ce discours (trĂšs influencĂ© par Foucault et Derrida aux États-Unis), je l’ai traduit en termes un peu plus simples, et je crois sans en trahir le sens. À vous de juger.

« Faire du pĂ©nis hĂ©ritĂ© Ă  la naissance un attribut exclusif de la mĂąlitude est une conception incohĂ©rente, comme le prouve le cas des femmes transgenres. Nous suggĂ©rons que le pĂ©nis, pris comme concept, se comprend mieux, non comme un organe anatomique, mais comme une reprĂ©sentation mentale rendant compte des aspects toxiques de la masculinitĂ©. À travers une critique de type dĂ©constructionniste et l’exemple du changement climatique, cet article remet en cause la tendance malsaine selon laquelle le pĂ©nis serait mieux compris comme l’organe sexuel masculin, et la recadre au sein du rĂŽle plus appropriĂ© qu’il a comme modĂšle typique du comportement masculin. »

En d’autres termes, il y a le pĂ©nis physique, et le pĂ©nis comme symbole, tel qu’il existe dans l’imaginaire des hommes, qui se construisent autour de lui et y ajustent leur comportement, en particulier dans ses aspects les plus toxiques. En encore plus simplifiĂ©, c’est une « thĂ©orisation » du « mon papa, il fait pipi plus loin que le tien ».

Ce n’est pas sans fondement, et on comprend que cela ait pu plaire Ă  certains Ă©valuateurs (en gĂ©nĂ©ral, des Ă©valuatrices, car c’est un cercle trĂšs fermĂ© et jalousement gardĂ©).

Reste l’article, que je n’ai pas lu.

Il se sont donnĂ©s beaucoup de mal pour pas grand chose si leur cible Ă©taient une revue payante. À se demander si ce n’est pas NORMA qui les a piĂ©gĂ© en les envoyant se faire tondre.

Faire publier ce qui ne sont que des inepties dans une revue soit disant scientifique, montre a quel point cette revue n’est pas scientifique du tout.
Elle pretendent donc bien etre ce que’elles ne sont pas; contrairement a ce est affirme dans ce blog.
L’article n’a pas ete lu…du tout.
C’est du bruit. Et leurs editeurs, des parasites au mieux, des escrocs au pire.

Les revues qualitatives de type Gender Studies n’ont strictement rien de scientifique. Le compte twitter New Real Peer Review fait un bilan de tout ce qui y est publiĂ© de totalement non scientifique.

Les « gender studies » ont fait du bon travail Ă  une certaine Ă©poque. Je pense Ă  une Ă©tude de deux chercheuses amĂ©ricaines citĂ©e par Stephen Jay Gould dans « La Mal-mesure de l’homme » qui montrait la construction sociale, non pas du pĂ©nis, mais de la diffĂ©rence sexuĂ©e entre cerveau droit et cerveau gauche (vous savez, « Pourquoi les hommes viennent de Mars et les femmes ne savent pas lire une carte »). Tout simplement, les chercheurs qui trouvaient une diffĂ©rence significative publiaient, ceux qui trouvaient une diffĂ©rence faible ou nulle (en fait, la grande majoritĂ©) ne publiaient pas. C’est en recensant les travaux non publiĂ©s qu’elles ont trouvĂ© le hic.

Je trouve dommage que les lecteurs qui cartonnent sur, au choix, les journalistes, les scientifiques ou les revues, ne songent jamais Ă  citer un exemple de travail scientifique valable. A croire que les chercheurs (les vrais) travaillent pour rien.

Cher Monsieur Barthélémy,

J’apprĂ©cie beaucoup vos blogs, mais je trouve que celui-ci est une erreur, en particulier le sous-titre qui pointe du doigt les reviewers et les sciences sociales. C’est succomber Ă  la tentation des articles »putaclic ».
Je suis Ă©galement extrĂȘmement déçu par lemonde qui met cet article comme article central de sa page »science », lui aussi succombant Ă  l’appel du nombre de vue plutĂŽt qu’Ă  sa vocation d’informer. le fait que des canulars sont plubliĂ©s tous les jours par des journaux peu sĂ©rieux n’est pas une nouveautĂ©.

Si je voulais faire de l’audience, je ferais des billets people ou politique, ou mieux, des billets pipolitiques. Cela marcherait mieux et me prendrait beaucoup moins de temps. Vous croyez vraiment que c’est sexy (et de nature Ă  faire cliquer les internautes) un papier de 7 000 signes sur les problĂšmes de l’Ă©dition scientifique.

le plus souvent j’aime bien les billets de votre blog. Mais aujourd’hui je ne suis pas d’accord tu tout, et je crois que vous ĂȘtes tombĂ© dans un piĂšge.

Ce que vous appelez « Ă©dition scientifique » consiste en partie de revues qui n’ont pas pour objectif de publier de la science mais de faire de l’argent. Demandez Ă  n’importe quel universitaire ou chercheur CNRS, ils reçoivent tous les jours des dizaines d’offres de publier leurs travaux tout de suite, sans problĂšme, moyennant x dollars ou euros. On peut y publier n’importe quoi, sans relecture et sans aucun service d’Ă©dition.

Pourquoi donc ce canular trouve un tel écho. Je crains que ça tient au domaine de recherche, la sociologie et plus précisément les études du genre.

Malheureusement, votre billet ajoute Ă  cette confusion entre recherche scientifique et un systĂšme purement mercantile qui n’a de scientifique que le nom.

Le systĂšme d’Ă©dition fait partie intĂ©grante du processus scientifique. Il n’y a pas de science sans publication.

Juste un dĂ©tail, ni les Ă©diteurs responsables ni les lecteurs experts ne touchent un centime pour leur travail d’evaluation des articles, ils n’ont donc aucune raison pĂ©cuniĂšre d’accepter n’importe quoi.

Par contre vu que ce travail n’est pas rĂ©munĂ©rĂ© et doit en plus etre effectuer en dehors du temps de travail, il n’est pas impossible que les relecteurs n’aient que survolĂ© le texte, ou l’ait donnĂ© a un de leur assistants a Ă©valuer, qui s’est contentĂ© d’Ă©crire 3 phrases au sens obscure, apres ….

Il faut aussi rappeler qu’en principe les personnes qui soumettent un article (au moins en Sciences de la vie) dĂ©clarent ĂȘtre l’auteur, n’avoir soumis l’article a aucun autre journal, etc… Il y a tout de meme une confiance dans le fait que les auteurs sont de bonne foi, ce qui n’est certainement pas le cas ici. Il y a un probleme certain avec les publications et le peer review, mais les canulards et autres fraudes du mĂȘme genre crĂ©ent plus de problĂšmes qu’ils n’en rĂ©solvent, et on se demande comment on pourra communiquer quand plus personne ne sera pas considĂ©rĂ© a priori comme honnete et credible.

>mais les canulards et autres fraudes du mĂȘme genre crĂ©ent plus de problĂšmes qu’ils n’en rĂ©solvent, et on se demande comment on pourra communiquer quand plus personne ne sera pas considĂ©rĂ© a priori comme honnete et credible.

Non les canulards montrent quelle point l’information est plus que souvent nulle.
Resoudre le probleme est simple: la financer.
La solution: rediriger le budget devolu a la publicite a la verification des informations vu la gaspillage monumental d’argent dans ce domaine.

Mais ca ferait pas plaisir aux brasseurs de vents, c’est a dire nos publicitaires en chef: les politiques.

Ce systeme s’ecroulera sur lui meme de toute facon…enjoy

MICHEL (nom de famille)

J’estime que ce sont les auteurs du canular dont la bonne foi tient Ă  faire le mĂ©nage dans le domaine de l’Ă©dition scientifique qui se sont fait tondre. En effet tout ce qui demande de l’argent est d’emblĂ©e suspect « Editer en deux clics » voit-on de la part de certaines Ă©ditions qui Ă©ditent Ă  compte d’auteur. le canular en question n’est pas Ă  comparer avec l’ affaire Sokal/Bricmont dans une revue sans comitĂ© de lecture ni demandĂ© de l’argent que je sache. En ce qui concerne l’art abstrait et la musique d’aujourd’hui, je suppose qu’il s’agit de la musique alĂ©atoire de John Cage et du pop-Rock. « Ah tu as vendu un milliard d’album, alors tu es un gĂ©nie » Le veaux d’or est toujours debout mĂȘme en Europe. Il faut changer les mentalitĂ©s.

Voici la remarque la plus juste et la plus intelligente de tout ce dĂ©bat, auquel elle pourrait servir de conclusion. Merci Olivier. En lisant les interventions prĂ©cĂ©dentes, je me demandais si l’on pouvait nous donner un « vĂ©ritable » article de Gender Studies, ou au moins le rĂ©sumĂ© de prĂ©sentation, pour que nous puissions nous faire une idĂ©e.

Cher P.B. je me suis Ă©tonnĂ© de ne pas vous voir rĂ©agir lorsqu’il y a Ă  peu prĂšs un an le Monde a publiĂ© un article d’un astrophysicien, spĂ©cialiste autoproclamĂ© des trous noirs, de la thĂ©orie du Tout, de celle du Rien, de Derrida, du Multiverse, de Deleuze et de qui sait quoi, soutenant une thĂšse totalement antiscientifique Ă  propos de thĂ©orie infalsifiables sous des prĂ©textes allant du dĂ©constructivisme post moderne Ă  un vague humanisme. Rigoureusement rien Ă  voir avec une attitude scientifique. Et bien entendu l’attrape-nigaud a parfaitement fonctionnĂ© avec un certain nombre de lecteurs s’intĂ©ressant de loin aux sciences. C’Ă©tait consternant et j’aurais beaucoup souhaitĂ© que vous rĂ©agissiez, mes faibles cris n’ayant Ă©videmment aucune chance d’ĂȘtre entendus. Heureusement une autre tribune a remis un peu les choses en place quelques semaines plus tard. Le Monde n’est Ă©videmment pas un journal scientifique a comitĂ© de lecture mais le choix de cet article, probablement dĂ» Ă  de vagues motivations idĂ©ologiques, Ă©tait un exemple de ce qu’il ne faut pas faire si on prĂ©tend Ă©duquer en matiĂšre scientifique. Et il dĂ©montre que le problĂšme des publications bidon va plus loin que la rapacitĂ© de certains Ă©diteurs.